Le massif forestier de Serre Rancel

Le Groupement Forestier La Serre de Rancel

L’histoire du Groupement Forestier de la Serre de Rancel commence dans les années 60 : l’État classe une partie de notre commune de telle façon qu’elle doive obligatoirement être organisée pour l’exploitation forestière sous la forme d’un Groupement Forestier. Si les propriétaires ne le font d’eux-mêmes, ils seront expropriés.

Ce genre d’incitation oblige, mais quelques Valgorgeois, notamment Germain GINESTE, vont y croire et s’y investir. Les actes notariés sont passés en 1974 et 1975. Les propriétaires de parcelle transfèrent la propriété au groupement, qui est une société de droit privée. En échange, ils reçoivent des parts sociales, en proportion de la surface, certains obtenant plus lorsque les parcelles étaient déjà plantées.

La plantation a lieu entre 1976 et 1978. 370 000 plants sont fournis et plantés, des kilomètres de pistes forestières avec des réservoir de défense contre l’incendie sont crées. C’est l’État qui finance ces travaux, et il se forme ainsi une créance qui sera remboursée plus tard par le prélèvement par l’État de 50 % des ventes. L’État s’engage aussi à assurer le suivi avec ses techniciens forestiers. En 2016, ce contrat est révisé : l’État abandonne une partie de sa créance et de son suivi sur la moitié sommitale du groupement. Sur cette partie désormais, les ventes reviennent à 100 % au groupement.

Jusqu’en 2009, le groupement était exonéré d’impôts fonciers. Depuis 2009, il faut payer les impôts. Compte tenu de la surface : 486 hectares, le montant de ces impôts est élevé : à ce jour près de 15000 euros. Cela constitue la dépense quasi unique du groupement, et il faut trouver cette somme importante à travers une exploitation forestière régulière si l’on ne veut pas faire payer les porteurs de part.

Pour décrire à grands traits les peuplements, une piste du Couderc à Chastanet coupe grossièrement le versant Ubac de notre vallée à mi hauteur. En bas a été planté un résineux originaire d’Amérique du Nord : le Douglas. Son bois imputrescible connaît un succès considérable, il se vend cher ce qui pousse les particuliers qui ont des petits boisements de Douglas à faire des coupes rases. Si cet arbre résiste au changement climatique, les 196 hectares de Douglas du groupement gérés durablement (pas de coupe rase) auront une valeur considérable, et déjà aujourd’hui c’est surtout eux qui nous permettent depuis trois ans d’équilibrer le budget. Au dessus de la piste on trouve des Epicéas : 110 hectares. Cet arbre largement planté subit de plein fouet les effets du changement climatique : il se produit des dépérissements massifs notamment en Allemagne ou dans les Vosges, où il constitue une espèce majeure. Chez nous, on observe pour l’instant quelques dépérissements mais pas massifs, et si leurs croissance est lente ils sont pour l’instant encore là. Ils seront exploités pour la première fois cette année. On trouve aussi des pins laricios de Corse (85 hectares), des futaies de chataigners (22 ha), du mélange de hêtres et de sapins (22 ha), et 50ha d’espaces non boisés (rochers, genets…). Un des objectifs de la gestion forestière reste de développer le résineux, car le bois de feuillu a une valeur extrêmement faible par rapport au bois de résineux.

45 ans après les plantations, l’exploitation forestière est désormais commencée. Des éclaircies auraient été nécessaires avant, mais au début des années 2000 l’état du marché du bois ne permettait pas la rentabilité économique : aucun acheteur n’en voulait. Au tournant des années 2010, les premières coupes d’éclaircies ont été vendues et effectuées. Aujourd’hui se réalisent ou se préparent les premières éclaircies sur les épicéas et les pins laricios, ainsi que les deuxièmes éclaircies sur les Douglas. Ces deuxièmes éclaircies produiront déjà un peu de bois d’œuvre. Une gestion durable de la forêt est observée : il s’agit d’ouvrir les peuplements pour favoriser la croissance des plus beaux sujets, diversifier les essences et les âges par la regénération naturelle. Les abords des cours d’eau ne sont pas exploités (ils n’ont pas été plantés) de façon à préserver les milieux aquatiques et les ripisylves.

Au delà du manque d’exploitants forestiers, de la pente, et du défi du changement climatique, une difficulté spécifique est le suivi des successions et de l’identité des porteurs de part : un véritable casse-tête.